21 de abril de 2010

Suzanne, la patronne

Suzanne aime
  •  Les sportifs qui pleurent de déception.
Suzanne n’aime pas 
  • Voir dans son café un homme se faire humilier devant son enfant.

Dans sa jeunesse, lorsqu'elle était danseuse équestre au cirque Médrano, 
Suzanne vivait une romance passionnée avec le trapéziste vedette.


Un soir, juste avant qu'elle n'entre en piste, il l'a larguée sans filet. Le cheval sentant sa partenaire toute retournée a perdu l'équilibre. Par mal chance, Suzanne était dessous. 

Elle y a laissé sa carrière et trois centimètres de la jambe gauche. Depuis trente ans, elle boitille derrière le zinc de la brasserie des Deux Moulins, rue Lepic. De son passé équestre, il lui reste quelques principes, sur lesquels elle est d'ailleurs à cheval. De son vivant, personne ne s'aviserait par exemple de cuisiner de la viande de cheval sur les fourneaux des Deux Moulins. 

A choisir, Suzanne préférerait cuisiner de la viande humaine. On ne dira jamais non plus d'un imbécile qu'il est " bête à bouffer du foin ", de crainte de la voir monter sur ses grands chevaux. Quand elle reconnaît une certaine qualité humaine à quelqu'un, Suzanne dit de lui que ce n'est pas " un mauvais cheval ". Ceux qui ruent dans les brancards, en revanche, elle a vite fait de les remettre au pas. Parce qu'aux Deux Moulins, on connaît très vite celle qui tient les rênes.

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